Témoignage de Roger Ducrot – Artiste peintre, né en 1934

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Souvenirs sur AC Nauleau, témoignage de Roger Ducrot recueilli le 6 février 2006

La première fois que j’ai vu les tableaux d’André-Charles Nauleau, j’avais 14 ans. C’était lors d’une exposition à la mairie de La Roche-sur-Yon et ce qui m’avait frappé, moi qui aimait beaucoup la peinture mais qui n’y avait pas encore touché, c’était un tableau où on voyait Mouilleron-en-Pareds et dans les nuages, il y avait la tête de Clémenceau. Lire la suite

Je ne l’ai vraiment rencontré que sur la fin de sa vie parce que quand j’ai débuté dans les années 1958 – 1960, il était déjà très installé et n’aimait pas beaucoup la concurrence. Il voyait d’un mauvais œil une nouvelle génération de peintres parce que je n’étais pas le seul. Il y avait Albert Deman qui était plus âgé que moi et plus connu et puis d’autres aussi et on commençait à parler un peu de nous dans les journaux.

Les peintres de l’époque (Henry Darcq, Jean Droillard, André-Charles Nauleau) avaient tous du talent mais nous, quand on a débuté on ne faisait pas du tout la même peinture. C’est normal, on était un peu des enfants de Bernard Buffet et toute cette génération d’après guerre.

Après, le temps a passé et puis vous savez, quand on débute, il faut tailler sa place. Un jour on s’est vu, on s’est dit bonjour et puis il a peut-être vu que je n’étais pas ce qu’il pensait ?

Par la suite on a eu quelques contacts et il me disait : « On partait à pied en groupe avec Robin, Darcq et Droillard, musette en bandoulière… on peignait toute la journée, on rigolait, on se chamaillait un peu parfois aussi, puis on rentrait au crépuscule terminant la journée par une bonne bouteille et par une polka chez Victorine Boulevard des Belges »
Je trouvais sa peinture intéressante car c’était une personnalité, il n’y avait que lui qui peignait comme ça, avec cette force. D’ailleurs, le journaliste Valentin Roussière l’avait baptisé le Vlaminck vendéen. Vers la fin, il s’est adoucit en devenant plus proche de peintres plus apaisés comme Corot. Et comme on dit, en vieillissant le lion rentre ses griffes.

Le bocage a quand même une couleur, une lumière qu’on ne retrouve nulle part ailleurs et ce qui est intéressant, c’est qu’il a peint beaucoup de choses qui n’existent plus. Si on voulait avoir une idée du bocage et des environs de l’époque, il faudrait faire une étude d’après les œuvres d’André-Charles Nauleau car il a peint de nombreux villages vers le Poiré-sur-Vie, Beaufou, Saint-Etienne-du-Bois etc…

Malheureusement, la dernière fois que je l’ai vu, c’était lors d’une exposition chez lui, rue Ferrer et il était malade à ce moment là. Il était dans un fauteuil roulant. Ce n’était pas très gai mais il était là quand même et il y avait du monde. J’y étais allé et Ah !! Il était tout heureux de me voir…

tableau de Roger Ducrot

Un fragment du tableau de Roger Ducrot où AC Nauleau est représenté